Justin Khoo, fondateur de FreshInbox, a débuté sa carrière en tant qu'ingénieur Internet pour GE, conçu des sites Web pour les start-ups pendant l'essor de la bulle Internet et travaillé sur les premières technologies de reconnaissance vocale pour appareils mobiles. Il a passé toute sa carrière à chercher à améliorer le Web. Et en ce qui concerne les e-mails, il constate une large marge de progression.
FreshInbox : en mission pour populariser les e‑mails interactifs
Justin Khoo, fondateur de FreshInbox, a passé sa carrière à tout mettre en œuvre pour améliorer le Web. Concernant les e‑mails, il constate une large marge de progression.
"Les e-mails étaient vraiment limités", explique Justin Khoo. "Vous ne pouviez pas les utiliser pour faire des choses cool, car si vous essayiez quelque chose de trop ambitieux, cela ne fonctionnerait pas pour tous les clients. Et les services de messagerie ne semblaient pas trop intéressés à résoudre ce problème."
C'est à ce moment-là que Justin Khoo a eu une idée. Et s'il fondait un site qui pourrait servir de ressource pour les programmeurs et les codeurs, tout en proposant des services de messagerie électronique pour proposer quelque chose de mieux ?
"FreshInbox est devenu un moyen pour moi de parler des problèmes que j'ai constatés", indique Justin Khoo. "Je ne m'attendais pas à ce que ça décolle. Je voulais simplement parler à la communauté des façons dont les e-mails pourraient se développer."
Mais depuis qu'il a commencé son blog, les critiques de Justin Khoo ont attiré l'attention de nombreux poids lourds, y compris des développeurs chez Microsoft et Google. L'objet de toutes les critiques ? Le manque de prise en charge pour les e-mails interactifs.
Des e-mails en confinement
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les e-mails semblent bloqués dans les débuts de la conception et du développement Web, vous pouvez remercier les malwares. La raison pour laquelle les e-mails ne prennent pas en charge des éléments comme JavaScript, explique Justin Khoo, est due à des problèmes de sécurité précoces.
"Lorsque vous visitez un site Web, vous choisissez de prendre un risque. Mais avec les e-mails, le risque vous incombe et la sécurité doit être plus élevée", précise Justin Khoo. "Le fait de retirer des éléments tels que JavaScript dans les e-mails a été fait pour protéger l'utilisateur, mais cela a pour conséquence de rendre les e-mails beaucoup moins intéressants."
Bien que cela ait pu avoir du sens dans les premiers jours du Web, Justin Khoo pense qu'il est temps de trouver une meilleure solution.
"J'ai été assez frappé de constater l'absence d'effort coordonné de la part des clients de messagerie électronique pour trouver de meilleures façons de gérer la sécurité", confie Justin Khoo. "Et quand j'ai commencé à voir ce que des clients comme iOS pouvaient faire, j'ai trouvé cela d'autant plus frustrant."
En réalité, c'est sur un iPhone que Justin Khoo a vu pour la première fois un exemple du potentiel des e-mails interactifs.
"Il y a environ 4 ans, LinkedIn a lancé une application appelée Intro", dit-il. "Elle était liée au client de messagerie de l'iPhone pour insérer des profils d'expéditeur dans un e-mail. Il vous suffisait d'appuyer dessus afin d'afficher les informations de leur profil. Après quelques recherches, j'ai compris qu'ils inséraient en fait du CSS dans l'e-mail, quelque chose de vraiment sophistiqué. Mais cela ne fonctionnait que pour le client de messagerie de l'iPhone, car il offre une excellente prise en charge du HTML et du CSS. Impossible d'imaginer cela pour un outil comme Outlook."
Justin Khoo a donc commencé à expérimenter d'autres clients, et a fini par découvrir que chacun d'eux possédait différents niveaux de prise en charge pour différentes capacités. "Dans un monde open source, cela ne devrait pas se produire. Je comprends les préoccupations en matière de sécurité, mais ce qui se passe, c'est que les personnes intéressées par les e-mails interactifs doivent trouver des moyens très compliqués et détournés de les faire fonctionner, alors que ce serait bien mieux pour tout le monde si les clients de messagerie coordonnaient leurs prises en charge."
Justin Khoo s'est également rendu compte que son blog seul ne suffirait sûrement pas à susciter le changement. La demande pour quelque chose de mieux devait également provenir des utilisateurs de messagerie eux-mêmes.
Une proposition immédiate
D'après Justin Khoo, plus les personnes sont exposées à des éléments interactifs dans les e-mails, plus elles s'attendent à ce que les clients de messagerie les prennent en charge. Ce qui sera notamment bénéfique aux détaillants.
"Les e-mails interactifs rapprochent un peu l'expérience offerte par le site Web et le destinataire", explique Justin Khoo. "Si vous êtes un détaillant, cela élimine certains des obstacles entre votre client et votre boutique. Mais à l'heure actuelle, c'est peut-être un peu difficile de justifier le temps nécessaire pour créer des éléments interactifs."
Pour aider les détaillants à surmonter cet obstacle, Justin Khoo a commencé à publier des outils sur son blog.
"J'ai essayé de faciliter la création d'éléments interactifs comme des carrousels ou des effets de retournement afin qu'ils puissent constater le rendu par eux-mêmes. Je ne fais rien payer, car mon objectif est de faire en sorte qu'un maximum de personnes les utilise. C'est le meilleur moyen de sensibiliser aux capacités de l'interactivité."
Justin Khoo pense que si les utilisateurs voient ce qui peut être fait avec des éléments interactifs, davantage de personnes voudront utiliser des clients de messagerie qui les prennent en charge. Et d'une certaine manière, ses efforts sont aidés par l'essor des appareils mobiles.
"Les personnes qui accèdent aux e-mails principalement sur des smartphones ou des tablettes bénéficient déjà d'une meilleure prise en charge et d'une meilleure expérience de messagerie", indique Justin Khoo. "Actuellement, si l'on veut créer une véritable expérience de génie, il faut le faire dans un client iOS sur iPhone ou iPad. Mais ce qui est vraiment intéressant avec le support mobile, c'est la façon dont les limitations d'espace fonctionnent dans l'intérêt de l'interactivité."
Avec un écran plus petit, explique Justin Khoo, il est devenu nécessaire de prendre en charge des moyens créatifs faisant évoluer le contenu. Il a pris Uber comme exemple pour illustrer la façon dont l'interactivité peut être utilisée à des fins pratiques sur de petits appareils.
"Lorsqu'Uber vous envoie votre reçu, vous pouvez immédiatement voir le coût de votre trajet. Mais vous pouvez également appuyer dessus afin d'afficher les éléments individuels pour voir le détail du montant total. L'interactivité vous permet d'éviter d'encombrer les e-mails, tout en fournissant un contenu détaillé aux utilisateurs qui le souhaitent." "Les e-mails interactifs rapprochent un peu l'expérience offerte par le site Web et le destinataire."
Une théorie unifiée des e-mails
Si Justin Khoo est convaincu que l'interactivité est l'avenir de l'e-mail, il n'est pas encore certain de la façon dont elle va se matérialiser.
"Le problème en ce moment est que la plupart des développeurs ne s'y intéressent pas beaucoup", explique-t-il. "Et la raison à cela est la prise en charge fragmentée et déroutante du CSS par les différents clients de messagerie. Même un outil comme Gmail, censé être innovant, propose une prise en charge différente pour CSS entre ses clients mobiles et webmail."
Justin Khoo n'a pas non plus eu peur de les pointer du doigt. "J'ai écrit un article où je disais en gros à Gmail qu'ils étaient mauvais et qu'ils devaient s'améliorer", dit-il.
"En ce moment, tout ce que nous pouvons faire avec l'interactivité est essentiellement du piratage. Mais si vous êtes Gmail, ou Hotmail, et que vous voyez que les gens adoptent cela, n'allez-vous pas vouloir en faire de même ? Nous avons besoin que ces clients se réunissent et se mettent d'accord sur un moyen standardisé de prendre en charge l'interactivité dans les e-mails."
Est-ce que cela arrivera ? Ou les développeurs sont-ils destinés à continuer à assembler des éléments interactifs à court terme ? Justin Khoo, malgré sa frustration face au manque de réaction rapide autour du problème, reste tout de même optimiste.
"Je suis très confiant, les choses vont évoluer dans ce sens. Dans 5 à 10 ans, l'un des principaux fournisseurs de messagerie électronique proposera une mise en œuvre simple et robuste et les développeurs de messagerie électronique lui emboîteront le pas. C'est à ce moment-là que nous verrons un véritable e-mail interactif, sans tous les piratages."
"Les e-mails interactifs rapprochent un peu l'expérience offerte par le site Web et le destinataire."
4 étapes pour de meilleures interactions
Si vous voulez investir du temps pour créer des e-mails interactifs, assurez-vous que votre audience sait ce dont elle bénéficiera. Voici 4 étapes pour apprendre à vos lecteurs comment tirer le meilleur parti de votre e-mail.
Étape 1 : commencer par un message clair
Vous pouvez accomplir beaucoup de choses grâce à l'interactivité, mais ces éléments interactifs risquent d'être perdus si le message de votre e-mail n'est pas clair au départ. "Il faut que vous sachiez ce que vous voulez faire et comment faire en sorte que les éléments interactifs vous aident à atteindre votre objectif", explique Justin Khoo. "L'interactivité doit être intégrée au service de votre message." Vos lecteurs comprendront mieux comment interagir avec un e-mail s'ils connaissent votre objectif.
Étape 2 : inclure des instructions
"Cela peut être une simple flèche qui dit "Appuyez ici", explique Justin Khoo. "N'en faites pas trop, car cela peut nuire à votre e-mail. Cependant, des instructions de base peuvent vous aider à guider votre lecteur." Si vous n'êtes pas sûr que les utilisateurs comprennent l'interactivité de façon intuitive, il n'y a rien de mal à leur donner un coup de pouce pour encourager un meilleur engagement.
Étape 3 : utiliser des termes répandus
Il n'y a aucune raison de vouloir tout réinventer. "Les menus de hamburgers apparaissent de plus en plus dans les e-mails", explique Justin Khoo. "C'est parce que c'est devenu un symbole universel. Quand ils les voient, les destinataires comprennent qu'il y a davantage d'informations disponibles ici." Le fait d'adopter la terminologie du Web pour votre e-mail est peut-être le moyen le plus rapide d'aider vos utilisateurs à faire le pas.
Étape 4 : tester, affiner et re-tester
Lorsque vous expérimentez des éléments interactifs, il est important de recueillir le même type de données que vous le feriez avec tout autre e-mail. "Les tests A/B fonctionnent tout aussi bien avec les e-mails interactifs, et ils vous indiqueront ce qui fonctionne", explique Justin Khoo. "Il y a une courbe d'apprentissage pour l'expéditeur et le destinataire." En comprenant avec quels éléments votre audience interagira ou non, vous pourrez créer un meilleur contenu qui sera plus attrayant.
Illustrations de Jess Rotter, une artiste basée à Los Angeles dont les illustrations sont apparues sur des fresques murales publiques, des pochettes d'albums et de nombreux T-shirts. Son premier livre, "I'm Bored", a été publié en octobre 2016.